vendredi 30 mars 2012

The Killing : le parfait polar

En ce moment, les semaines sont chargées sur la chaine câblée AMC(toujours elle): alors que The Walking Dead vient d’achever sa deuxième saison avec des records d’audience absolus et que Mad Men a entamé sa cinquième saison avec succès, la chaine s’apprête à lancer la deuxième saison de The Killing, une autre bombe visuelle et narrative apparue sur les écrans l’année dernière. Pour ceux qui douteraient encore ou qui ne connaitraient pas la série, voilà 5 raisons pour lesquelles je considère que cette série est un must-see absolu :

 

- l’enquête : adaptée d’une série danoise, The Killing suit l’enquête policière de deux flics autour du meurtre d’une jeune fille retrouvée noyée et mutilée dans le coffre d’une voiture. Dit comme ça, rien d’étonnant. Pourtant, et c’est là que la série porte bien son nom, l’originalité du récit vient du fait que toute la saison ne va tourner qu’autour d’un seul meurtre. Pas de sous-intrigues secondaires autour d’autres affaires pour divertir le spectateur, pas de digressions pour parler d’autre chose. The Killing, c’est un peu l’anti-Experts (que j’aime beaucoup dans sa version Vegasienne, ne nous y trompons pas) : au lieu de chercher l’efficacité, le rythme et la rapidité, on privilégie le réalisme du récit, la pénibilité d’une enquête et la complexité de la résolution de celle-ci. Ici, les tests ADN n’arrivent pas en 10 minutes et l’analyse des vidéos de surveillance ne permettent pas de faire des zooms x 3 000 sur l’étiquette du col de chemise d’un suspect. Non, ici, les flics réfléchissent, interrogent, se trompent, recommencent… Tout est laborieux, et donc bien plus crédible. Et finalement, le téléspectateur se retrouve à partager la fatigue et le stress des personnages principaux.
 

- Mireille Enos : elle interprète l’inspecteur Sarah Linden, le personnage principal de la série. Pas particulièrement jolie, peu mise en valeur, plutôt taciturne et ronchon, elle campe une flic de prime abord assez peu aimable. En plein déménagement –elle doit quitter la grisaille de Seattle pour retrouver son fiancé sous le soleil de Californie- elle ne peut s’empêcher de s’intéresser à une dernière enquête, celle qui ne va cesser de reporter son départ pour le sud pendant toute la saison. Forcée de faire équipe avec son remplaçant, elle se méfie de tout et de tout le monde. Mais petit à petit, les scénaristes en montrent un peu plus sur cette femme qui ne lâche pas grand-chose coté émotion. Et résultat, la moindre trace d’affect devient une véritable tornade émotionnelle pour ce personnage taiseux. Et forcément, on s’attache. Et puis surtout, elle est intelligente. Mais pas intelligente à trouver la solution du prem’s. Non, elle, elle prend son temps autant que du recul pour trouver des solutions et ses raisonnements deviennent passionnants. Evidemment, comme très souvent à la télé américaine, l’interprète est parfaite. Totalement inconnue de mes services, elle s’est immédiatement issue au rang des meilleures actrices du moment.

- Joel Kinnaman : il joue Stephen Holder, l’autre flic de la série. Petit nouveau arrivé pour remplacer Sarah Linden, il doit avant tout prendre ses marques et faire ses preuves. Et avec son look de détenu et ses manies d’ex-junkie, il a un peu du mal à en imposer. Mais lui aussi est terriblement intelligent. Très différent de sa partenaire, il choisit toujours d’opérer avec des méthodes un peu borderline. Ca fait de lui un personnage remarquablement ambigu et les spectateurs ont à peu près autant de mal que le reste des personnages à se faire une idée précise de ce jeune flic. Pourtant, là encore, l’énorme talent du comédien et les indices que les scénaristes distillent petit à petit sur son passé et sur sa vie perso nous donnent à voir un personnage profond, creusé et terriblement attachant.

- Michelle Forbes : plus connue que les deux acteurs précédents (elle a joué entre autres dans Battlestar, 24 ou encore True Blood), elle interprète la mère de la victime. Elle crève littéralement l’écran dans un rôle pourtant pénible et peu sexy. Evidemment complètement bouleversée par la disparition de sa fille, elle permet d’appuyer le réalisme de The Killing : là où la plupart des séries policières s’intéressent essentiellement à l’avancée de l’enquête, ici, on prend son temps pour décrire le véritable séisme provoqué par la mort violente d’un proche. Comme pour l’enquête, le deuil est ici dépeint dans ses différentes phases : il est lent, difficile et douloureux. D’autant plus quand il est perturbé par une enquête qui piétine et qui donne des faux espoirs et de vrais coups bas. Michelle Forbes, plutôt habituée aux rôles de femmes fortes, confirme ce que je pensais d’elle : je m’étonne que personne ne lui ait encore proposé un rôle principal : elle a largement le charisme et le talent pour ça. Il parait qu’elle préfère les rôles secondaires, moins contraignants pour son planning.

- La pluie : The Killing se passe à Seattle et du coup, logiquement, il fait un temps pourri. Mais quand on dit pourri, ce n’est pas le fog londonien. Non, là, c’est la bonne pluie battante qui n’arrête pas du matin au soir : ça drache sévère, quoi. Ce détail climatologique donne toute son identité visuelle à la série. Froide, humide, dans les tons bleus, la photographie contribue à rendre l’ambiance générale peu chaleureuse. A la place des héros, on n’aurait qu’une envie : rester chez soi, sous sa couette. Ça sert parfaitement le récit puisqu’on a affaire à des personnages qui sont frileux, qui n’ont pas envie de se parler les uns les autres et qui se méfient de tout le monde. Une fois de plus (comme pour Mad Men ou Breaking Bad), le visuel d’une série d’AMC sert totalement le récit. Un régal pour les yeux.

Vous voilà prévenus, The Killing, c’est pas Modern Family, mais qu’est ce que c’est bien !



Pour ceux qui ont vu la première saison (et uniquement pour ceux-là), voilà une petite vidéo qui récapitule tout avant dimanche soir. Et oui, je viens de révéler un aspect de la saison 1 : tout n’est pas résolu à la fin de la saison. J’aurais aimé le savoir et en ça, le season finale m’avait un peu frustré. Mais à la veille du lancement de la saison 2, c’est un sentiment aujourd’hui bien oublié. 


PS: nouveau spoiler officiel de la chaine: les producteurs ont décidé de révéler que l'identité du tueur serait connue à la fin de la saison 2, pour ne pas impatienter les téléspectateurs... très sage décision, selon moi!

mercredi 28 mars 2012

Les séries sur fond vert

Ça fait plusieurs fois que je vois cette vidéo passer sur Facebook ou ailleurs, et à chaque fois, ça me bluffe totalement. Donc, je la partage à mon tour pour que vous soyez à votre tour ébahis!


Alors, z'êtes ébahis, hein?
On ne peux décidément rien croire de ce qu'on nous montre à la télé. Tout est pipeauté. Parfois, ça tombe sous le sens : l'énorme naufrage de Grey's Anatomy (série décidément toujours soucieuse de rester réaliste dans ses intrigues... bref.) est impossible à construire en décors réels pour un simple programme tv, et même probablement pour un long-métrage. De même, obtenir l'autorisation de filmer les marches du Congrès américain dans 24 semble un peu trop prise de tête pour des séquences souvent très courtes. Et puis, aller en haut de l'Himalaya ou devant le Kremlin est évidemment inenvisageable.
M'enfin parfois, ça me scotche. Pour le plan d'Ugly Betty qui commence à 0'28'', ou celui de Gossip Girl (pas sûr de moi) à 2'53'', je ne comprend pas. Ça me parait tellement plus simple d'aller tourner dans les rues de NY. Sex & the City le faisait bien chaque semaine. A moins qu'à l'époque il ne s'agissait déjà que d'un gros mensonge, mais je ne crois pas: le budget fond vert aurait dépassé le budget Manolo Blahnik, vu le nombre de séquences tournées dans la rue...

Allez, comme je suis sympa, je vous en mets une seconde vidéo, certains plans sont issus de la 1ère vidéo, et là aussi, certaines séquences (notamment avec Air Force One et des avions en flamme) sont impensables sans effets spéciaux numériques. Mais d'autres sont surprenants de simplicité...

 
Enfin, bref, ils sont forts ces Américains, ils n'hésitent pas à utiliser les meilleurs outils qu'ils ont à disposition... J'aime bien ces effets spéciaux invisibles. Ça m'épate presque plus que les énormes effets de Heroes (le seul point fort de la série), Battlestar Galactica ou V (particulièrement hideux dans la nouvelle version).


vendredi 23 mars 2012

Bref, j'ai regardé Bref (comme tout le monde)

Depuis la rentrée, Bref est peut-être la série qui a le plus fait parlé d’elle. Lancée sur Canal+ pendant le Grand Journal le 28 Aout 2011, la série connait un succès quasi-immédiat. On en parle partout, les profils Facebook et les comptes Twitter officiels explosent, les comédiens font la couv’ de tous les magazines (à commencer par le best of 2011 des Inrocks) et plus personne ne peut prononcer le mot "bref" sans qu’un p’tit rigolo à coté (et moi le premier) reprenne "Elle m’a regardé, je l’ai regardée, elle m’a regardé, j’ai regardé Kheiron, il m’a dit Baise-laaaaaa !". La France entière a (re)découvert subitement Kyan Khojandi et son festival  (hilarant) sur Youtube, Navo et son blog de la Bande Pas Dessinée, et les One-Man-Show des seconds couteaux de la série, comme Bérengère Krief, Kheiron et Baptiste Lecaplain. Les parodies se sont multipliées sur le net, parfois très drôles (comme , , ou ), parfois totalement nazes. Faire une vidéo "comme dans Bref" remplace et ringardise immédiatement les lipdubs et les flashmobs. En un mot (pour ne pas dire bref), la série est un phénomène absolu. On frise même l’overdose.


 
Pourtant, ce succès est largement mérité. La série est une énorme réussite. Pour ceux qui ne connaissent pas (mais QUI ne connait pas, sans déconner ?), il s’agit de pastilles de 2 minutes ultra rythmées et magnifiquement montées qui racontent la vie ordinaire d’un trentenaire lambda qui vit en colocation, qui s'ennuie au boulot et qui cherche surtout à choper. Sur le papier, ça n’est pas très vendeur. Et pourtant, l’utilisation de la voix off, du montage accéléré et surtout de l’écriture hyper juste rendent la série jubilatoire. C'est du vécu : il n'y a qu'à regarder les épisodes "Bref, j'ai eu 30 ans" et "Bref, je suis comme tout le monde" pour comprendre que le génie de l'écriture consiste à récupérer les petits riens de tous les jours qui sont communs à tout le monde.
 
Une fois le concept mis en place dans les premiers épisodes, Bref a eu l’énorme talent de ne jamais se reposer sur ses acquis. A chaque nouvel épisode, une nouvelle idée et une nouvelle façon de raconter les choses : le compteur de points pour repérer les jolies filles (ou les filles baisables, dirait Kheiron), les conditions générales du pote, le qui-est-ce pour repérer la target du frangin, la drague qui se présente sous la forme d’un plateau de jeu, le personnage qui représente "la solitude", la photo décortiquée dans les moindre détails, ou dernièrement les guests qui se multiplient avec moult private jokes à la minute… Bref innove toujours. 



Bref prend également grand soin de ses personnages. On ne dirait pas comme ça, mais l’univers de la série est ultra cohérent et l’histoire évolue petit à petit. Non seulement la love story entre Kyan et "cette fille" se concrétise, mais les histoires du père, du frère et du coloc’ du héros ont, elles aussi, pris de l’ampleur. Pour celui qui suit assidument la série, c’est très agréable. Du coup, avec des personnages bien travaillés et des situations qui évoluent au fur et à mesure des épisodes, Bref se permet le luxe d’être parfois sacrément émouvant avec "Bref, je suis vieille", "Bref, j'étais à coté de cette fille" et "Bref, j'y pense et je souris". Et ça, c’est la preuve selon moi que la série est parfaitement réussie.
 

Dernier coup de génie des créateurs de la série : avoir obtenu que Canal+ laisse l’intégralité des épisodes en ligne pendant une durée illimitée (contrairement aux autres programmes courts de la chaîne qui ne restent disponibles que quelques jours)*. Quand on voit qu’actuellement le DVD des premiers épisodes fait partie des meilleures ventes à la Fnac, on peut y voir un bel argument en faveur du partage gratuit des données numériques : ça n’empêche pas les spectateurs qui aiment la série d’acheter le DVD. Au contraire, plus ils regardent, plus ils aiment, et plus ils sont tentés par l’achat du produit.


Bref, merci à Harry Tordjman, Kyan Khojandi et Bruno "Navo" Muschio d’avoir proposé une série innovante et d’avoir fait souffler un vent de fraicheur sur Canal+.

* La contrepartie c'est que Canal+ surveille que les vidéos de Bref ne tournent pas sur Youtube ou Dailymotion pour s'assurer que les internautes viennent sur leur site. Fairplay. Mais du coup, impossible de poster de vidéo de Bref ici.

mercredi 21 mars 2012

Awake: un concept complexe mais intriguant


Je viens de regarder l’un des pilotes les plus intrigants de l’année. Honnêtement je ne suis pas très sûr que la série arrive à tenir la route tant le concept est alambiqué. Je déteste dire ça, mais je pense qu’instinctivement, j’aurais pensé à un long-métrage pour développer une idée pareille. M’enfin, j’ai quand même bien envie de regarder la suite, pour voir comment les scénaristes vont faire évoluer leur sujet, parce que pour le moment, ça m’a bien plus. Ce pilote, c’est celui d’Awake, diffusé sur NBC.

Awake, c’est l’histoire d’un flic, Michael Britten, marié et père de famille (joué par Jason Isaacs, le Lucius Malefoy de Harry Potter, les cheveux blonds en moins) dont la vie bascule étrangement, suite à un accident de voiture qu’il a avec sa famille. A partir de ce jour-là, Michael évolue dans deux réalités différentes : dans l’une d’elle, son fils de 15 ans, Rex, n’a pas survécu au drame ; dans l’autre, c’est sa femme, Hannah qui a trouvé la mort dans l’accident. Chaque fois qu’il s’endort dans une réalité, Michael se réveille instantanément dans l’autre. Contrairement à ce que lui disent ses psys (un différent dans chaque monde), Michael est persuadé qu’aucun de ces univers n’est un rêve. Et il n’a aucunement l’intention de régler son problème puisque cela impliquerait qu’il doive renoncer à l’un des deux êtres les plus chers de sa vie. Détail important : la série démarre un certain temps après le drame, quand la situation est déjà bien installée et le deuil en partie accompli, ce qui évite au récit de tomber dans un pathos un peu plombant.

Parallèlement à ce dilemme familial, Michael continue sa vie de flic, avec des partenaires différents et sur des affaires différentes. Mais les indices d’une affaire font souvent écho à l’enquête qui a lieu dans l’autre monde. Pour moi, c’est là que le bât blesse : cette volonté de vouloir que les deux mondes se répondent par des coïncidences permanentes risque de devenir une énorme facilité ou un leitmotiv un peu lourd s’il est repris dans chaque épisode. Il me semble que je me serais concentré sur la vie familiale du héros, pourtant déjà bien développée.

Pour aider à comprendre dans quel monde on évolue, la photographie de la série change d’une séquence à l’autre. Bleue et froide dans le monde du fils, la série adopte des tons plus chauds dans celui de la femme. Le héros lui-même porte au poignet un élastique de couleur différente pour être sûr de ne pas faire de confusion. Et par là même, il aide aussi pas mal le spectateur, quelque fois un peu perdu, il faut bien le dire.


Voilà, je trouve ce mélange de Inception et de Pile et Face assez intéressant. Cependant, j’ai un peu peur que le concept très (trop ?) sophistiqué ne finisse par avoir raison de la série. Ça s’est déjà vu, avec une série comme les 4400 ou comme FlashForward. Mais je garde espoir pour celle-ci.
Et c’est en partie pour ses comédiens, qui ont pour beaucoup un capital sympathie assez fort : Laura Allen, qui joue la femme de Michael, faisait justement partie du cast des 4400. Dylan Minette, le fils, avait fait une brève apparition très remarquée dans la sixième saison de Lost. Wilmer Valderrama, l’inoubliable Fez’ de That’s 70’s Show, casse son image de petit rigolo pour celle d’un jeune flic. Et Cherry Jones, la présidente Taylor de 24, devient la psy de Michael dans le monde de Rex.

Bref, contrairement à Touch, j’attends de voir ce que va donner ce concept. J’ai envie d’y croire mais j’ai de sérieux doutes. Je pense que l’idée de base va être dure à tenir sur la longueur. 


vendredi 16 mars 2012

Les Autres Gens: une série version BD

Il existe une série un peu particulière dont je n’ai encore jamais parlé mais qui fait pourtant bel et bien partie de mes séries préférées. Tant dans sa forme que dans son fond, elle surpasse bon nombre de celles que je peux regarder chaque semaine. Il s’agit d’une série française que j’ai découverte il y a maintenant presque un an et qui m’a rendu totalement addict assez rapidement. Cette série, c’est Les Autres Gens. C’est une série un peu originale puisqu’elle n’est disponible que sur Internet, et pour cause, Les Autres Gens est une bande dessinée numérique ! En ligne depuis mars 2010, la série propose de découvrir quotidiennement un nouvel épisode ! Et c’est bien ça qui la rend totalement addictive. Je ne connais pas beaucoup de séries qui soient capables de suivre ce rythme, en dehors des soaps américains, totalement indigestes et sans saveur, et Plus Belle La Vie, qui a moins de… enfin bref, je ne voudrais pas me fâcher avec les fans de PBLV (fans que je ne comprend pas bien).

 
 
Dans le fond, pourtant, Les Autres Gens reprend les codes du soap classique en suivant les histoires amoureuses, sexuelles, amicales, professionnelles et sexuelles (oui, je sais, ça fait deux fois sexuelles, mais c’est vrai qu’on ne s’ennuie pas de ce coté-là dans Les Autres Gens) d’une vingtaine de personnages entre Paris, Toulouse, Nice et la Corrèze. Le point de départ : une jeune étudiante en droit, Mathilde, gagne 30 millions d’euros à l’Euromillion. Sa vie est forcément bouleversée du jour au lendemain ; et évidemment, quand on devient multimillionnaire, les rapports qu’on entretient avec ses parents, son frère ou ses amis de la fac évoluent invariablement. Et c’est donc à partir de cet évènement que la série nous propose de rentrer dans le quotidien des Autres Gens. Mais cet épisode du loto n’est finalement pas au centre du récit de la BD. Et tant mieux. 
Les problématiques des personnages sont globalement bien plus banales et donc bien plus identifiables pour nous, pauvres petits lecteurs qui n’avons pas gagné à l’Euromillion. Pour autant, si les thèmes abordés peuvent sembler (à tort) ordinaires, le rythme de la série, lui, ne l’est pas du tout. Chaque jour, chaque épisode fait avancer le récit, en mêlant révélations hallucinantes et cliffhangers de malade. Et c’est bien là qu’est le danger : on en veut toujours plus. C’est même la série qui me fait presque regretter le samedi matin (la série est publiée du lundi au vendredi). A l’heure où j’écris ces mots, vous ne pouvez pas imaginer à quel point l’épisode du jour me donne envie d’être lundi matin.


Concrètement, la série est toujours écrite par un seul et même auteur, Thomas Cadène. Il est aidé occasionnellement par une petite équipe d’auteurs mais globalement c’est bien lui qui tire les ficelles du récit. Chaque jour, on nous propose une quarantaine de cases ce qui équivaut à 6-7 pages de BD. A ce rythme-là, il a fallu trouver un moyen de dessiner aussi vite une quantité impressionnante de planches. Et c’est là, l’idée de génie de LAG (Les Autres Gens pour les intimes) : tous les jours, c’est un nouveau dessinateur qui prend le relai. Avec son style, chacun propose un univers qui lui est propre. Pour que le lecteur ne soit pas perdu, l’épisode du jour commence toujours avec une petite galerie de portraits qui permet de repérer qui est qui (galerie qui devient rapidement inutile, tant les personnages restent identifiables d’un dessinateur à l’autre, en raison des caractéristiques physiques très spécifiques que Cadène leur donne). Il faut bien avouer que c’est un vrai bonheur pour les yeux. Les genres se suivent et ne se ressemblent pas. Comme tous les lecteurs, j’ai mes préférés (d’Aviau, Surcouf, Vivès, Garguilo, Dufour, Sorel, Begon, Scoffoni, Tê, Consigny, Manu XYZ…) mais c’est surtout la multiplication des genres et la découverte de nouveaux styles qui est agréable ici. Je n’ai jamais connu autant de dessinateurs BD qu’en un an de lecture des Autres Gens (ils sont actuellement plus d'une centaine à avoir dessiné au moins un épisode de la série).

Je pourrais continuer pendant des heures à parler de cette série. Je n’ai pas parlé de mes personnages préférés (Kader, Gédéon, Romain, Camille, Manu, si vous voulez tout savoir), ni des heures passées entre lecteurs sur Twitter ou sur le forum du site pour se rassurer sur l’avenir des personnages ou pour se consoler mutuellement des horreurs qu’ils traversent (non, non, je ne prends pas du tout Les Autres Gens trop au sérieux). J’aurais également pu parler du résumé mensuel toujours hyper drôle, qui permet aux anciens lecteurs de faire le point sur la situation ou aux nouveaux lecteurs de rattraper la série en route. Je n’ai rien dit non plus du LAGMag, sorte de Making Of hilarant écrit et dessiné une fois par mois par Pochep et qui donne à voir l’envers du décor de la création des Autres Gens. Bref, je l’ai dit, je pourrais continuer pendant longtemps.

Mais avant de lasser tout le monde, je préfère m’arrêter là et indiquer comment lire cette magnifique série avant qu’elle ne s’arrête. Et oui, la série a prévu son arrêt définitif à la fin du mois de Juin. C’est la marque des grands : savoir s’arrêter à temps, quand la série est au sommet de son art. Donc, pour lire la série, deux solutions : ouvrir un compte sur le site internet www.lesautresgens.com et se payer les archives (pour les réticents et les radins, la simple ouverture d’un compte permet de lire gratuitement le premier mois de la série). Rapport qualité/prix imbattable si on le compare au prix que couterait une BD de près de 200 pages (et oui, chaque mois, on arrive à presque 200 pages de lecture) . Ou bien aller en librairie et acheter les premiers épisodes sortis récemment chez Dupuis en version papier. Chaque tome correspond à un mois d’épisodes. Et le cinquième vient tout juste de paraitre (d’où la raison de ce post aujourd’hui). Avec plus de 20 mois d’épisodes quotidiens, les p’tits nouveaux ont de quoi faire !

Voilà, c’est vrai que c’est un post un peu particulier pour un blog qui parle des séries TV. Mais selon moi, Les Autres Gens présentent tous les ingrédients (qui  plus est, réussis) d’une série traditionnelle. Et puis de toute façon, je l’ai déjà dit (et je le redirai sans doute) : je fais ce que je veux sur ce blog ! Après tout, je saoule mon entourage avec Les Autres Gens, je ne vois pas pourquoi je ne bassinerais pas aussi les lecteurs de ce blog. Y a pas de raisons !




mercredi 14 mars 2012

Les Houseswives au bout du rouleau

Alors là, micro-révolte (et maxi-spoiler, vous voilà prévenus*) : c’est officiel, Desperate Housewives a pété une durite. Dans l’épisode de cette semaine, les scénaristes ont décidé d’éliminer un des personnages principaux. Pas une des Desperate, quand même, mais un personnage vraiment important dans la série. Je ne comprends pas du tout ce choix. Outre le fait que ça sort de nulle part et que ça ne m’intéresse pas une seconde (mais ça c’est mon avis), il est vraiment curieux d’avoir lancé cette pirouette scénaristique maintenant. La série s’arrête dans six épisodes : pour attirer de nouveaux téléspectateurs, c’est un peu tard : ça fait longtemps que la série n’attire plus personne. Au mieux, elle doit essayer de retenir les anciens fans. D’où cette storyline HENAURME… qui a fait un flop aux US. Les audiences n’ont pas augmenté d’un poil, signe que Desperate n’est définitivement plus l’évènement que la série était les années précédentes. Mais même si on oublie ces histoires d’audience, lancer un chamboulement aussi violent que celui-là risque de frustrer les fans : les personnages concernés n’auront pas le temps d’aller au bout de leur deuil et la série risque de s’arrêter avec des héroïnes traumatisées, en pleine remise en question. La fin risque donc d’avoir un gout d’inachevé pour l’une d’entre elles : que va-t-elle devenir ? Va-t-elle s’en remettre ? On n’aura sans doute pas de réponses à ce sujet. Dommage. Très mauvais timing pour ce décès, donc. 

Par ailleurs, je dois dire que la grossesse surprise de cette saison aurait pu être un évènement sympa de cette fin de série. Mais là encore c’est mal traité. Voire carrément oublié. Dans le dernier épisode, on n’y fait même pas mention une seule fois. Ce qui devait être un chamboulement total devient un non-évènement. Très surprenant. 
Et je ne parle même pas de la résolution du mystère autour des lettres... Naze.

Enfin bref, ce que je disais il y a quelques semaines se vérifie largement : il est temps que ça s’arrête. C’est vraiment plus possible. J’entends d'ici les questions : "Pourquoi tu continues ?" Pour leur laisser une chance de me surprendre positivement d’ici la fin. Il  reste si peu d’épisodes, ça serait dommage d’abandonner maintenant. Un peu comme arrêter un marathon au 40ème km. Le plus dur est fait !
Comme quoi, savoir arrêter une série à temps est primordial. Mais une fois que la fin est annoncée, les attentes des fans sont rehaussées : on ne veut pas être déçu par la fin. Je me rends bien compte que, pour ces pauvres scénaristes (spéciale dédicace à qui se reconnaitra), le récit doit être très dur à gérer et que le compte à rebours doit être particulièrement pénible à subir. Mais il parait que le secret des meilleurs récits réside dans un début surprenant et une fin exemplaire, ce qui se passe entre les deux ayant moins d’importance pour le jugement final des téléspectateurs.

* Attention, ça spoile grave dans les commentaires...

mardi 6 mars 2012

Terra Annula

Je voudrais pas la ramener mais je l'avais bien dit (c'était ici, au premières heures de ce blog). Terra Nova vient d'être annulée officiellement par la Fox. Il n'y aura pas de saison 2. Elle rejoint donc la liste des séries trop ambitieuses, trop couteuses, trop spectaculaires mais avec un scénario trop pauvre et des personnages fadasses. FlashForward, V ou The Event avaient subi le même sort.

Il n'empêche, si c'était une évidence pour une grande partie des spectateurs, on peut se demander pourquoi personne n'a vu la catastrophe venir du coté des producteurs et du diffuseur. Comment dépenser autant de fric pour un résultat aussi médiocre? Est-ce que le budget trop important a fait perdre le nord aux producteurs? Quand on voit Lost ou l'excellentissime Game of Thrones, je me dis qu'il est quand même possible d'allier budgets faramineux et scénarios ambitieux.
Enfin maintenant, c'est plié. Chez Canal,  ils doivent être contents d'avoir acheter les droits de diff'. Bref, on n'ira pas plus loin dans cette histoire de dinos. C'est dommage, sur le papier, c'était alléchant.