lundi 7 octobre 2013

Sleepy Hollow: sans queue ni tête

Vous l’attendiez tous, la voilà : la première série de la saison 2013-2014 que je vais me faire un plaisir de bâcher ! Chaque année, les networks américains nous livrent leur lot de nouveautés. On essaye, on teste et forcément dans le tas, il y a des déceptions, des déconvenues et des déchets. Sans aller jusqu’à cette dernière catégorie, je classe définitivement Sleepy Hollow dans l’une des deux premières. Il faut dire qu’à la base, je n’étais pas très tenté. Tout ça, c’est la faute à Twitter qui a voulu me faire croire que c’était bien. Et bien, chers twittos (l’un d’eux se reconnaitra), je ne vous remercie pas, sur ce coup-là !



Un remake de Sleepy Hollow, déjà, dit comme ça, c’est suspect. D’abord, parce que c’est s’attaquer à l’un des films les plus réussis de Burton, selon moi. Et puis parce que tenir la distance sur une saison, même courte, avec ce sujet-là, ça sent l’étirement d’intrigues à outrance. Mais bon, donnons-lui sa chance, me suis-je dit. Et bien, il m’a fallu exactement 4 minutes pour me dire "WTF ?!", pour trouver la série ridicule et pour me demander si on n’était pas tout simplement en train de se foutre de ma gueule.

Je m’explique : le pilote s’ouvre sur une scène de bataille pendant la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis. Belles images, jolie mise en scène. Cool. On découvre notre héros qui affonte ce qui semble être l’Homme au masque de fer. Enfin, pas vraiment lui, mais un bonhomme crès crès méchant qui a adopté le look Hommen, version métallisée. Bref, comme attendu, le type y perd la tête. Mais le gentil prend lui aussi un sale coup d’épée, que dis-je, de hache dans le torse. Il n’est pas loin d’y passer, mais au lieu de ça, il s’évanouit pour se réveiller… 250 ans plus tard. Voilà voilà… Une fois sorti de ce qui s’apparente à un gigantesque pot de rillettes (avec même la couche de graisse pour préserver son corps affaibli), Ichabod Crane -c’est son nom- découvre le 21ème siècle, façon Les Visiteurs (je m’attendais vraiment à ce qu’il hurle "un sarrazin !" à l’approche de la première chariote). Risible. Mais passons.
On nous présente alors l’autre héroïne de la série, Maddie Mills, fliquette en patrouille avec son partenaire/mentor/père/shérif. Et manque de bol, ils tombent sur le bien-nommé cavalier sans tête. A nouveau, jolie scène d’action, réalisation plein de trouvailles. Mais très vite, le ridicule reprend le dessus lors de la rencontre des héros. Leurs situations respectives ne paraissent pas les émouvoir tant que ça : lui a quand même tout perdu (je passe sur les lourdeurs du mec découvrant le nouveau monde) , elle vient d’assister à la décapitation de son partenaire par un hussard sans tête. Mais ça va, ils gèrent. Tranquille, Emile. Au lieu de paniquer sévère, ils vont mener leur petite enquête. Et en deux temps trois mouvements, en relisant les vieux grimoires du défunt shérif rédigés par Georges Washington* himself (ça ne s’invente pas), ou en communiquant avec la femme d’Ichabod par rêve interposé (si, si), les  deux héros parviennent à faire fuir le cavalier sans tête jusqu’à nouvel ordre. Au passage, ils ont même retrouvé la fameuse tête du cavalier (et oui, déjà) mais décident de la mettre en lieu sûr dans… bah non, en fait, on ne sait pas ce qu’ils en foutent. Logique.
Bon, ça c’était le pilote. Je suis un peu sévère parce que certaines scènes (les scènes d’action notamment) sont plutôt efficaces et bien réalisées. Et quelques vannes sur les Starbucks et les taxes des beignets sont plutôt bien trouvées. Mais c’est un peu limite.

Et vient alors le temps du deuxième épisode. Misère de misère. On a furieusement l’impression que les scénaristes se sont réunis autour d’une table avec pour objectif de répondre à la question : "Comment qu’on tient 13 épisodes avec un type qui découpe la tête des gens ?". La conclusion est évidente : ils n’ont pas réussi à trouver une réponse. Parce que le deuxième épisode ne parle pas du tout du cavalier sans tête. Pourtant, ça avait l’air d’être un problème mastoc : le mec est quand même l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse (ah, si St-Jean gagnait un dollar à chaque fois qu’on site l’Apocalypse dans une série…), c’est pas rien. Bah non, on s’en fout. On préfère s’intéresser à un autre phénomène paranormal : la résurrection d’une sorcière du 18ème siècle. Mais pas une des gentilles sœurs Halliwell. Non, une méchante venue tuer les descendants de son bourreau, qui ne sont que deux et qui se trouvent justement habiter à Sleepy Hollow (le nom du bled). Lucky girl ! Je passe sur les maquillages ridicules de la sorcière carbonisée, qui rappelle vaguement la Guerre du Feu parce que certains effets spéciaux viennent joliment rattraper la sauce.
Pour l’arrêter, pas de problème, Crane et Mills sont sur le coup. Comment ? En consultant les vieux grimoires du shérif bien sur ! Décidément, ces grimoires sont visiblement plus exhaustifs que le livre des Ombres et Wikipédia réunis. Problème, ils ont été classés aux archives. Pas de souci, notre visiteur du passé connait un vieux passage secret construit sous le poste de police pour rejoindre l’annexe du commissariat. Really, REALLY ? D’ailleurs, ces souterrains sont à priori connus de tout le monde (on y voit des passerelles métalliques) mais personne n’a pensé à enlever les barils de dynamite datant de 1780. Et comme on découvre qu’ils doivent tuer la sorcière par le feu, on se demande bien où on nous emmène avec cette poudre de canon. Subtilité, légèreté, toussa, toussa…
A propos de finesse, dans la famille "Deus Ex Machina", la série s’impose en reine. Dès que l’enquête est au point mort, les auteurs (qui planchent toujours sur la première question citée plus tôt) choisissent d’user de ce procédé scénaristique honteux qui consiste à nous sortir une solution de nulle part. Ici encore, les rêves du héros sont très révélateurs et lui livrent les solutions en moins de deux, en mode "fausse énigme tout pourrie". On va me rétorquer que c’est de la magie et que ça fait partie du mythe. Ok, mais point trop n’en faut. On réinvente déjà les règles au 2ème épisode : Ichabod, qui jurait dans le pilote n’avoir rien vu d’aussi étrange que le cavalier sans tête, se souvient cette fois-ci d’une apparition mystérieuse qui l’avait effrayé sur un champ de bataille. A ce rythme-là, on n’a pas fini d’accumuler les facilités. Bon, je ne vais pas m’éterniser sur la fin de l’épisode : tout est bien qui finit bien et Maddie trouve même un moyen de papoter tranquille avec son défunt shérif (aucun personnage gens ne meurt dans cette série. Jamais. NEVER EVER). Cliché, ennui, bâillement.

Je n’irai pas plus loin. C’est une catastrophe. Un fourre-tout absolu. Un gloubi-boulga totalement indigeste. Je m’attends donc à l’apparition de loups-garous, des vampires et de fées, tiens, pourquoi pas. Le tout en mode Halloween chez Disneyland, avec des tombes qui ont deux siècles (où on trouve ça ? où ?) couvertes de toiles d’araignée et des potions magiques contenant de la bave de crapaud ou des limaces. En fait, c’est peut-être ça, le problème. Cette culture des sorcières de Salem, de la magie noire, des pentagrammes et autres formules magiques bidons, c’est très (trop ?) américain. J’y suis totalement insensible. Ca n’est pas effrayant, c’est  ringard et déjà très daté. Si je me souviens bien, parmi les pires épisodes d’X-Files, on compte ceux qui ont abordé le sujet. Il n’y a guère que Buffy qui s’en soit sorti. Mais bon, il y avait Joss Whedon aux commandes…
Dans la narration, rien n'est logique. Aucune des réactions des personnages n'est compréhensible. Les usages intempestifs de flashbacks tentent en vain de donner de l’épaisseur aux deux héros, mais finissent très vite pas lasser. Top facile de piocher dans leur passé, inconnu du spectateur, pour trouver une solution aux problèmes rencontrés. Autre procédé insupportable (pourtant utilisé trop fréquemment en série télé), les personnages "qui savent tout mais qui diront rien", ou du moins rien de façon claire et audible : le shérif et la femme sorcière font manifestement exprès de ne divulguer leurs précieuses infos qu’au compte goutte, et ce dans un charabia incompréhensible. Dans quel but ? Mystère.


Bref, cette série ne m’a pas du tout plu. Je ne comprends pas la décision un poil prématurée de la Fox d’avoir d'ores et déjà commandé une saison 2 (je rappelle que 3 épisodes ont été diffusés à l’heure où j’écris ce post).  D’autant que si les audiences suivent la tendance des 3 épisodes, plus personne ne regarde d’ici un mois. Quoi qu’il en soit, ça n’est pas du tout ma came. Au contraire, tout ça m’a bien pris la tête. Ha ha.
 
*Chaque président a son hobby, il parait que Lincoln chassait les vampires…

3 commentaires:

  1. Bon, bien voilà une série que je ne regarderai donc pas ! Merci pour le défrichage !

    Du coup, j'ai hâte de lire ta critique sur le, ô combien, prometteur Dracula...

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    1. Quelle responsabilité je porte! ;-)
      Je n'ai vraiment pas aimé Sleepy Hollow mais la série est pourtant un succès. Et les critiques sont plutôt bonnes dans l'ensemble.

      Quant à Dracula, il faut voir. Comme ça, ça a l'air d'être pris plus au sérieux que SH... Espérons que l'écriture aussi soit plus sérieuse...

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    2. Il est vrai que je suis toujours méfiante quand je vois un casting où tous les acteurs sont un peu trop beaux et dénudés... Disons que c'est le deuxième effet Tudors.

      Quant au succès des séries (surement au même titre que toi), je ne considère plus ça comme un gage de qualité depuis longtemps (cf Glee, Once Apon A Time, Vampire Diaries, and so on)...

      Parcontre, je me permets : si ce n'est pas déjà fait, je t'encourage plus que vivement à regarder Peaky Blinders. Histoire d'oublier Sleepy Hollow ^^

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