mardi 17 décembre 2013

La VF, c'est tout pourri!



Ça n’est un secret pour personne, je regarde les séries (et les films aussi, d’ailleurs) exclusivement en version originale. J’exècre la version française et je ne comprends pas pourquoi les séries ne sont pas intégralement proposées au moins en version multiple à la télévision. Très souvent, on m’accuse de snobisme. Mais ça n’a rien à voir avec ça. Et je vais tenter de le prouver. Je ne reviendrai pas sur le nombre incommensurable de vannes, jeux de mot et autre calembours qui passent à la trappe au moment de leur francisation. Je passerai également sur la qualité du doublage qui se dégrade peu à peu (je ne blâme pas les doubleurs : ils doivent souvent travailler dans l’urgence, car la lutte contre le piratage forcent les chaines à précipiter la diffusion des épisodes). Enfin, je ne me lancerai pas dans un débat pour savoir si la voix française convient mieux au personnage de Ross (seriously?). Non, je vais essayer de donner de vraies raisons. Celles qui prouvent qu’on devrait faire comme dans beaucoup d’autres pays : regarder systématiquement les programmes dans leur version d’origine.

1) Xander devient Alex dans Buffy. Pourquoi ? Aucune idée. Alors certes, le garçon s’appelle en réalité Alexander mais quel intérêt d’avoir changé son surnom ? Je ne vois pas. D’autant que le personnage détonne à côté des autres prénoms plutôt inhabituels de la série : au milieu de Willow, Oz, Buffy, Cordelia ou Spike, Alex parait bien conventionnel. Dieu merci, ils n’ont pas traduit Faith ou Dawn.

2) X-Files devient Aux Frontières du Réel. Ok, ça n’a pas duré longtemps, mais quand même, M6 a sérieusement pensé que ce titre conviendrait mieux à la série culte. On aurait pu comprendre qu’ils traduisent le titre avec quelque chose dans le genre "Les affaires non classées", mais ils ont préféré faire référence à Au-delà du réel, une série qui n’a aucun lien avec Mulder et Scully. Si ce n’est le paranormal, ce qui est un peu faible, convenons-en.

3) En français, Jacques Bauer court partout en hurlant "CAT, CAT". Tout en portant un badge et un blouson estampillés CTU. Le pauvre devient dyslexique.

4) Dans Lost, la frenchie Rousseau devient allemande. Ca aurait pu passer, sauf que dans un épisode, Shannon (qui parle français) doit traduire ce que Rousseau a écrit sur un carnet. Et comme il s’agit des paroles de la chanson La Mer de Charles Trenet et qu’on les voit distinctement à l’écran, les doubleurs se retrouvent bien emmerdés pour expliquer les difficultés de Shannon à traduire les propos de la Française.

5) Dans Modern Family, Gloria perd son accent dans la VF. J’ai appris ça récemment, je ne l’ai jamais vu, mais je me demande comment c’est possible. Une grand partie des blagues et de l’intérêt du personnage réside dans le fait qu’elle est toujours à côté de la plaque parce qu’elle maitrise mal la langue utilisée par les membres de sa famille. Sans oublier le fait qu’elle demande fréquemment à son mari de l’aider à trouver des mots qu’elle ne connait pas (comme "hélicoptère", un running gag de la série).



6) Dans The Big Bang Theory, "Bazinga", l’expression culte de Sheldon, devient "j’t’ai bien eu". Ça marche beaucoup moins bien. Et ça n’a pas l’impact de son équivalent anglais. D’autant que le mot n’existe pas non plus en VO, ce qui rend Sheldon (encore plus) particulier.

7) Sans aucune raison valable, les traducteurs ont voulu imposer des génériques chantés (en français donc) à Prison Break et Heroes. Je pensais qu’on avait arrêté de faire ça depuis Dallas. Et ben non, ils nous ont collé deux pauvres chansons sorties de nulle part. Et ils ont choisi du mauvais r’n’b, qui plus est, sans doute pour faire cool. C’est désastreux. Et ça fait mal aux oreilles.




8) Dans Glee, en français, ça ne dérange visiblement personne que les personnages changent de voix dès qu’ils se mettent à chanter. Et on ne peut pas dire que les chansons soient occasionnelles dans la série. Ce qui créé un décalage constant. Bon, la série étant un peu barrée, ça ne fait que rajouter de l’étrangeté à l’ensemble. Soulignons l’exploit d’avoir trouvé une voix encore plus agaçante pour doubler Kurt. Même Chris Colfer, le comédien qui l’interprète, la trouve ridicule. C’est dire.

9) Samantha Jones devient affreusement vulgaire dans Sex and The City. En anglais, même si la nympho de la série pouvait dire les pires horreurs du monde, Kim Cattrall parvenait à lui donner de la classe, de l’élégance même. Sa voix française de poissonnière la rend tout simplement grossière. Et ça nuit au personnage, bien plus subtil qu’il n’y parait.

10) Avec une prononciation à la française, Bree Van de Kamp devient Brie Van de Kamp. Et ça pue comme prénom.

11) Les traducteurs n’ont pas compris ce que les auteurs de Friends ont voulu faire avec les titres des épisodes. En anglais, les scénaristes ayant remarqué qu’il était impossible de tous les retenir, tous les titres commencent par "The one where" ou "The one with". Ce qui aurait dû se traduire par quelque chose du genre "Celui où il se passe ceci", expression utilisée communément par les fans de n’importe quelle série pour parler de tel ou tel épisode. "The one" désigne donc l’épisode lui-même. Mais en français, "Celui" désigne un des personnages : " Celui qui fait ceci" ou "Celui qui a cela". L’effet est raté.

12) Et enfin le meilleur pour la fin : dans Dynastie, un des personnages fait son coming-out devant son père. Il faut reconnaitre que c’est assez révolutionnaire pour l’époque. Trop sans doute pour les diffuseurs français qui préfèrent contourner le problème. En français, le jeune homme n’est pas gay, il est… malade. Voilà voilà… Superbe. Vingt sur vingt, vive la France. C’est véridique. C’est ici.

Alors ? Convaincus de passer à la VO ? Ça serait bien. Vous pourriez rejoindre le clan très prisé des snobs qui ont appris à parler anglais en matant les séries. Ça va être légen… attendez pour ça… daire !

samedi 7 décembre 2013

Modern Family, pour les rares qui hésiteraient encore...

La semaine dernière, je débattais encore sur Twitter pour convaincre quelqu’un de regarder Modern Family. Au cours de la diffusion de la cinquième saison, je ne pensais plus qu’il était nécessaire d’expliquer à quel point cette série comptait parmi les plus drôles du moment. Les Emmy Awards semblent pourtant s’acharner à le proclamer haut et fort puisque la série a remporté trois ans de suite la récompense ultime de meilleure comédie. Mais comme visiblement, elle reste inconnue pour beaucoup et qu’elle peine à intéresser certains, il est temps que je me penche sur cette série pour voir si j’arrive à persuader les sceptiques de regarder cette sitcom.
Modern Family raconte le quotidien d’une famille moderne (d’où le titre finement recherché) qui présente plusieurs formes de schémas familiaux apparus ces dernières décennies : les familles recomposées, homoparentales, les couples multiculturels, intergénérationnels, ou bien encore le phénomène nouveau de ces adulescents devenus parents. Si ces tendances sociologiques ne sont pas toutes récentes, la famille Pritchett-Dunphy possède la particularité de les accumuler et de complexifier légèrement les rapports qu’entretiennent les personnages entre eux. Mais puisqu’il s’agit d’une comédie, ces difficultés ne sont pas vraiment prises au sérieux et sont avant tout là pour nous faire marrer. Et ça marche super bien pour au moins 5 raisons qui, personnellement, m’ont rendu accro à cette série.


1) Phil Dunphy (interprété par Ty Burrel) : lorsque j’ai commencé à regarder la série, c’est lui qui m’a fait rire en premier. Phil est marié à Claire et est le père de trois enfants. Et sa particularité première est de ne pas avoir encore totalement réalisé qu’il n’avait plus 20 ans. Dans sa tête, Phil est encore jeune. Mais ça, c’est dans sa tête, parce que pour le reste de son entourage, il est surtout souvent ringard, lourd et embarrassant. Phil cherche absolument à rester dans le coup alors qu’il a déjà 3 wagons de retard, il veut devenir le meilleur ami de ses enfants quand ceux-ci commencent à s’émanciper, il voudrait être le "mec cool et fun" apprécié de tout le monde alors qu’il a un humour assez… simpliste, dirons-nous. Mais il reste super attachant, parce que quelle que soit la situation, Phil essaye toujours de bien faire. Même s’il connait parfaitement ses limites, il ne lâche jamais l’affaire, quitte à devenir ridicule. Ce qu’il fait d’ailleurs très bien.
2) Cam Tucker (Eric Stonestreet) : deuxième personnage à m’avoir sauté aux yeux au premier visionnage de la série. Cam est en couple avec Mitchell, le frère de Claire. Pour ceux qui ont un doute, même si Cameron est également un prénom féminin, il s’agit bien là d’un couple homosexuel. Et franchement, chez Cam, ça se voit légèrement. C’est l’archétype du héros "bigger than life". Drama-queen par excellence, Cam adore mettre sa vie en scène (comme le jour où il a présenté sa fille adoptive à sa famille sur la musique du Roi Lion. Priceless). Il est capable de tout, pourvu qu’il soit au centre de l’attention et qu’on l’admire. Il adore se déguiser (son personnage de Fisbo le clown est immanquable), il est persuadé de chanter divinement bien et il a évidemment une vision du bon gout un peu particulière. Mais même s’il est maniéré, susceptible, Cameron n’oublie pas ses origines paysannes qui remontent parfois à la surface de façon hilarante. 



3) Gloria Pritchett (Sofia Vergara) : troisième personnage totalement délirant de la série, Gloria est mariée à un homme de 30 ans son ainé, Jay, le père de Claire et Mitchell (vous suivez ?). Originaire de la Colombie, c’est la bomba latina par excellence. La taille de ses seins n’a d’égal que la puissance de sa voix. Et ses décolletés sont souvent tout aussi prononcés que son accent. Boule de nerfs superstitieuse et pourrie gâtée, Gloria a bien l’intention d’agir selon sa volonté. Véritable tornade, Gloria sait parfaitement user de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut de son mari (et de Phil, aussi, il faut le dire) mais elle refuse souvent de l’admettre. Pas question pour elle de passer pour l’écervelée de service.



J’ouvre une parenthèse pour dire que les trois comédiens interprétant les personnages dont je viens de parler sont, comme le reste du casting, parfaits en tout point. Ils parviennent à interpréter ces personnages limites caricaturaux avec beaucoup de subtilité (et notamment Eric Stonestreet, à mille lieux de Cam, dans la vraie vie). Là encore, les Emmy ont vu juste puisque chacun y a remporté le meilleur second rôle comique.

4) Le mockumentaire : Modern Family est tourné à la manière d’un faux documentaire. Comme si une équipe de télévision suivait le quotidien de cette famille jour et nuit. Deux particularités découlent de ce choix de réalisation. La première : les interviews. Dans chaque épisode, les personnages sont interviewés face caméra par un journaliste qu’on ne voit jamais. Ils racontent leur vision des choses et c’est souvent l’occasion pour eux de faire preuve de mauvaise foi ou bien au contraire d’être confrontés à leurs défauts. C’est aussi un moyen pour les scénaristes de mettre très rapidement en place des situations pour aller plus directement à la comédie. La seconde particularité de ce mockumentaire vient des regards caméras. Puisqu’ils sont supposés être filmés par une équipe de télévision, les personnages ont tendance à regarder la caméra dès qu’ils sont gênés. Et ces regards de détresse sont souvent accompagnés de silences embarrassants pour eux, hilarants pour nous. Haley, la fille ainée de Phil et Claire, excelle dans cet art de la gêne. En bonne adolescente qu’elle est, sa famille la met souvent très mal à l’aise.

5) Les enfants : c’est assez rare pour être remarqué, mais les enfants sont drôles dans Modern Family. J’ai déjà présenté Haley, mais sa sœur Alex et son frère Luke ne sont pas en reste. Un peu plus monodimensionnels que les adultes, ces personnages moins présents à l’écran sont pourtant très drôles. Et surtout très justes ! Les comédiens, si jeunes soient-ils, s’en sortent très bien. Seul Manny, le fils de Gloria, est raté : son personnage d’enfant précoce est assez insupportable et son comédien ne fait pas vraiment dans la subtilité. Même Lily, la fille de Cam et Mitchell, s’en tire mieux. Bon c’est surtout grâce à des répliques assassines bien placées et pas tellement pour le talent de la comédienne. Mais bon elle a quatre ans et tout le monde ne peut pas ressembler aux sœurs Olsen !

 Voilà les cinq raisons principales qui expliquent mon attachement à la série. Alors certes, dans le fond, il s’agit d’une sitcom assez classique, quelque fois un brin moralisatrice, mais les quiproquos, la finesse des dialogues et des jeux de mots et les comique de situations s’imbriquent parfaitement et s’enchainent à toute vitesse. On a beau être en 5ème saison, la qualité est toujours là et elle n’a jamais baissé depuis le début.