mardi 8 décembre 2015

The Leftovers: chef d'œuvre.

Un chef d’œuvre. Tout simplement.
Une fois que j’ai dit ça, je suis bien embêté parce que c’est particulièrement difficile pour moi de parler de cette série où tout est question de ressenti, d’émotions. Et plus spécialement encore dans sa seconde saison qui s’est achevée dimanche soir sur HBO. Déjà à l’issue de la première saison, j’étais resté sans mots, incapable à l’époque de comprendre si j’avais aimé ou non la série. Je la trouvais dérangeante, bizarre, lente mais aussi bouleversante, émouvante, fascinante. Une chose était certaine, elle m’avait bien remué (et pour ça, un éternel merci à mes copains Jean-Maxime et Pierre). Et puis j’ai finalement remis le couvert en regardant la saison 2. Et là, j’ai plongé. Je me suis laissé complètement emporté dans ce nouveau chapitre. Et à l’issue du dixième et dernier épisode, je peux le dire : cette saison 2 est chef d’œuvre. Un putain de chef d’œuvre.

 
Une saison 1 déjà grande
Le postulat de The Leftovers pourrait en faire fuir plus d’un : un jour, le 14 octobre, 2% de la population a disparu subitement de la surface de la terre, sans laisser de trace. La série démarre trois ans après cette disparition inexpliquée, avec ceux qui restent (leftovers en anglais) et qui tentent, comme ils peuvent, de donner un sens à leur vie et à cette disparition.
C’est Damon Lindelof qui est à la tête de la série, aux côtés de Tom Perrotta, l’auteur du livre "Les disparus de Mapleton" dont est adaptée la série. Or, Lindelof, c’est évidemment le showrunner de Lost, la série la plus injustement décriée pour sa fin soi-disant bâclée et inachevée (non-sense !). Que les cartésiens qui voulaient des réponses aux mystères de l’île passent ici leur chemin, The Leftovers n’est pas pour eux (même si elle partage avec Lost un grand nombre de points communs): aucune explication ne sera donnée, aucune enquête ne sera menée pour comprendre ce qu’il s’est passé le fameux 14 octobre. Ça n’est pas le but de la série. Comme son nom l’indique, elle préfère s’intéresser au sort de ceux qui doivent se reconstruire, coute que coute.

Rarement une série n’avait abordé aussi frontalement et avec autant de justesse les questions métaphysiques du deuil et de la foi. Seuls, perdus, déboussolés, chaque personnage de la saison 1 errait, à la recherche de la bouée de sauvetage qui pourrait le sortir de ce marasme émotionnel. Les thèmes de la famille, de la solitude, des croyances religieuses et sectaires ou encore de la folie étaient passés au crible de ce monde traumatisé par cette disparition.

Prenant des chemins inattendus (se focalisant parfois le temps d’un épisode sur un personnage perçu comme secondaire) et multipliant les intrigues pas toujours très rationnelles, la saison 1, déjà magnifique, perturbait par l’impression qu’elle donnait (à tort) de ne pas toujours savoir où elle allait, même si le final grandiose était venu contredire cette idée.  En tout franchise, je dois reconnaitre avoir été dépassé par cette première saison, n’ayant pas toujours compris les réactions des personnages ou plutôt n’ayant pas réussi à me laisser totalement aller à les suivre. Or, The Leftovers est une série qui se digère, qui s’apprécie avec la réflexion, qui se bonifie avec le temps. Et c’est une série qui nécessite d’accepter de se laisser porter, d’accepter de ne pas tout maitriser. Un peu comme les héros eux-mêmes (oui, The Leftovers, c’est un peu méta).


Une saison 2 parfaite
Avec la saison 2, les auteurs partent d’une nouvelle idée, totalement inédite (la saison 1 couvrant l’intégralité des évènements du livre) : et si, quelque part sur cette Terre, une ville avait eu l’unique privilège de n’avoir perdu aucun de ses habitants le jour de la disparition ? Evidemment, cette ville, située au Texas, devient un nouvel Eldorado que tout le monde veut visiter, approcher, toucher.

 Cette idée aussi simple que géniale donne un deuxième chapitre encore meilleur que le précédent ; chaque épisode, bouleversant,  emporte le spectateur dans un déluge émotionnel qui ne laisse jamais indemne, et ce, quel que soit le personnage suivi. J’ai bien essayé de choisir mon épisode préféré ou même de faire un classement des plus belles réussites de cette année mais franchement, c’est impossible. La saison 2 est une succession de perles, de petits bijoux qui se suivent et qui forment un tout grandiose, une saison génialement écrite, entre ellipses et flashbacks, gérés à la perfection. Et que dire du déjà mythique épisode 8, hors du temps mais parfaitement maitrisé ?

Aucun des personnages n’est oublié et le récit les emmène les uns après les autres dans cette ville miraculée mais sclérosée par les croyances des uns et les souffrances des autres. Je le dis souvent (parce que c’est souvent le cas aux US) mais les comédiens sont tous parfaits. Tous. Justin Theroux, fragile, apeuré, sceptique, a ma préférence mais Regina King, Carrie Coon ou Christophe Eccleston sont tout aussi spectaculaires.

La foi, la spiritualité sont toujours au centre de ce nouveau chapitre, mais l’amour vient également s’immiscer au cœur des intrigues. Mais pas comme ailleurs, pas de façon frontale. Ici, on parle de l’amour qui donne un sens à la vie, qui permet de faire le deuil, de renaitre, de s’épanouir. Celui qui n’est jamais acquis et pour lequel il faut se battre tous les jours, comme le prouve la relation de Kevin et Nora, somptueuse par son écriture.

La musique, élément essentiel de la série, continue son superbe travail de vecteur émotionnel, qu’il s’agisse de la bande originale de Max Richter, absolument transcendante, ou du choix des chansons, toujours utilisées à parfait escient. On pense au nouveau générique de la série, au Where is my mind des Pixies ou à l’émouvant Homeward bound de Simon & Garfunkel.



Je sais que je m’emballe souvent pour plein de séries sur ce blog, sur twitter ou ailleurs. Je sais que je suis plutôt bon public. Mais dans le cas présent, il s’agit véritablement d’une pépite. Une pure merveille de la télévision. Passer à côté de ce raz de marée, que dis-je ce tsunami d’émotions serait une erreur.
La série n’a pour le moment pas été renouvelée pour une saison 3. Mais je ne suis pas sûr d’en vouloir plus. J’ai tellement adoré cette saison 2 que je pourrais m’arrêter là (aaah cette dernière scène…). The Leftovers entrerait ainsi dans le panthéon très prisé des chefs d’œuvres télévisuels. Ca va me manquer, c’est sûr, mais c’est tellement parfait qu’on n’a pas envie de prendre le risque de l’abimer.

MaJ du 11 décembre 2015: la série a finalement bel et bien été reconduite pour une dernière saison 3. Je suis évidemment hyper heureux de voir revenir ces personnages mais je garde une pointe d'inquiétude: il va falloir faire au moins aussi bien que cette saison 2 et ça, c'est pas une mince affaire.

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